15 pas devant, la carlingue de métal qui embrasera la route des vents
15 pas derrière, le béton qui s'érode face au bruit sourd du tour des hélices
Les sacrifices, tant de mots couverts couvrant très mal la douleur de l'exil
Et je bous encore, parce que la défaite me rappelle qu'il n'y a jamais vraiment de victoires
Réussirais-je à faire rugir ton moteur à décoller en hauteur avec toi
Réussirais-je à faire vibrer les montagnes à faire mousser le champagne, celui qu'on doit boire ensemble
Réussirais-je à tourner la page à franchir les nuages qui approchent
Réussirais-je à garder la tête haute à garder la tête froide, à garder ta main
À vol d'oiseau
Les frontières s'envolent et les moutures décollent
Le moteur s'emballe, mais je m'en balance
Je crache sur l'appel au calme
Je vis bien dans le vacarme
À vol d'oiseau
Au-dessus des Andes
le condor s'amuse
ses plumes en or dans les reflets du soir
une balle en plein coeur au sommet de sa gloire
À hauteur d'oiseau
le cadre nous quitte
les photos s'envolent
Tout tombe à pic,
moi je tombe des nues
La pression chute
l'oxygène m'évite
il s'extirpe du cockpit
trop grand pour ce que je mérite
Faudra qu'on m'explique
quand on largue du lest
comment dresse-t-on la liste?
Qu'est-ce qu'on délaisse?
À 15 pas en haut du sol assassin
Je garde une pensée, en mon ceint
C'est avec l'avion qu'on apprend la ligne droite
Avec toi j'aurai appris, à tracer la ligne
Baptiser la terre de tous les noms
ceux des flammes de la terre
du métal comme du plomb
Comme du plomb dans l'aile
lorsque tout va mal
quand la chute est brutale
et que je me suis écrasé